Les approches spécifiques pour la personne X fragile
L’éducation et l’accompagnement de la personne X fragile sont basés sur et sont une suite logique des signes comportementaux observés, il est évident que ces différentes techniques ne sont pas toujours applicables, chaque enfant et chaque situation étant différents. Les parents ou les éducateurs appliqueront les techniques qu’ils jugeront les plus adéquates en fonction de l’âge (de l’enfant à l’adulte), du niveau mental (déficience intellectuelle légère, modérée, sévère), du comportement (hyperkinétique ou replié sur lui‐même) et du milieu (familial et environnant).
1. Structurer
Comme tout enfant, la personne X fragile se sent sécurisée et heureuse dans un milieu bien organisé et structuré. Il est essentiel que le calendrier de la semaine et l’horaire de la journée, les heures de repas, des récréations, et celle du coucher fassent partie d’une routine fixe. L’enfant X fragile est troublé par un évènement imprévu ou encore une visite inattendue qui perturbent ses habitudes. Il en est de même pour les règles qu’on lui impose à la maison, à l’école ou encore dans un milieu spécifique. En gardant toujours les mêmes règles, dans les situations identiques et avec les adultes différents, on préservera la paix et le calme. Dès qu’un changement se manifeste, on constatera qu’il devient inquiet et vulnérable. Il réagira par de l’agressivité, se fâchera, deviendra impossible et malheureux.
De là l’importance des contacts fréquents entre parents et éducateurs pour se mettre d’accord sur la manière d’approcher l’enfant. Garder les mêmes habitudes dans le plus grand nombre de situations sera de nature à sécuriser l’enfant X fragile et à lui rendre la vie plus facile. Chez l’enfant renfermé et inhibé, on veillera à lui proposer le déroulement d’une journée entière bien structurée, tandis que chez l’enfant hyperkinétique, on mettra surtout l’accent sur les moments favorables aux apprentissages.
Voici quelques exemples pratiques de règles appliquées chez l’enfant X fragile :
Au cours de la journée, on travaille avec le calendrier du jour, affiché à l’aide de dessins. On fait de même pour la répartition des tâches. Cette visualisation du déroulement de la journée est très appréciée. Un modèle de repérage dans le temps, combinaison d’une horloge, d’un emploi du temps, d’un tableau d’activité et d’un Time Timer, peut être complété par un jeu de 10 pictogrammes aimantés. Cet outil peut entrer dans la demande de financement dans
le cadre de la compensation du handicap. Le catalogue est consultable sur le site www.hoptoys.fr
Le calendrier sera utilisé en classe. Un local bien rangé, plutôt sobrement décoré, est un moyen de créer un climat de calme. On ne propose que le matériel indispensable au jeu ou au travail. On évite la dispersion de jeux autour de l’enfant, ainsi que les bruits de radio ou de télévision pendant qu’il accomplit une tâche. Les personnes X fragile aiment les consignes bien précises concernant leur activité. On réagira toujours de la même façon lorsque la règle a été transgressée. Une approche positive, avec quelques explications, reste essentielle.
Exemple : la personne franchit un interdit, comme roter de manière exagérée. L’éducateur explique pourquoi et réprimande si ça se fait. Ce serait illogique d’en rire à certaines occasions et de le gronder à d’autres moments. Le local dans lequel l’enfant évolue doit aussi être bien structuré. Les objets gardent toujours leur place dans l’armoire et les activités (par exemple : compter, jouer, dessiner,…) se déroulent dans les mêmes coins prévus pour ces activités. Le milieu de vie est partagé, si possible, en espaces pour manger, pour travailler, pour jouer, pour écouter de la musique etc…
2. Alterner
Certains enfants X fragile sont très turbulents, distraits et incapables de se concentrer longtemps devant la même tâche. Il faudra donc adapter les activités à leurs possibilités. Elles seront en général de courte durée, suivies de pauses. L’expérience nous apprend que de courtes leçons conduisent à un meilleur résultat. Des périodes d’environ 10 minutes suivies de pauses de 5 minutes permettent un apprentissage souple et agréable. Par exemple, la fin d’un apprentissage peut être annoncé par une minuterie de cuisine. Une activité de 10 minutes doit être achevée et avoir un résultat concret. L’enfant X fragile n’aime pas ce qui est inachevé. Si un apprentissage doit être poursuivi, on le propose de manière différente.
Il est difficile de rester longtemps assis à table lors du repas. Il est possible d’intercaler des « va chercher le lait » ou encore « porte ça sur l’évier » pour briser cette durée. Il est donc important d’alterner les activités de travail avec les activités récréatives. Les activités physiques (rouler à vélo, sauter sur le coussin d’air) doivent être alternées avec des moments calmes (raconter une histoire, dessiner).
3. Approche du comportement
La plupart des enfants X fragile nécessitent une modification de comportement. Leur impatience, turbulence, instabilité et leurs réactions impulsives risquent de poser des problèmes à l’entourage si on ne les aide pas à atténuer ces défauts. Ils sont d’ailleurs eux‐mêmes incapables de vivre dans une atmosphère animée et chaotique. Il sera donc préférable pour tout le monde que l’on reste maître de la situation dans le calme.
Devant un comportement problématique il est nécessaire de connaître le facteur déclenchant. On retrouve parfois son origine dans une maladie, une douleur (dents, oreilles,…), une séparation d’un être cher, des difficultés familiales, la faim, la fatigue… Une bonne communication entre tous ceux qui encadrent l’enfant est indispensable. On commencera, si possible, par modifier l’origine du problème. Si tel n’est pas le cas, on s’attaquera au comportement lui‐même. Il est important d’effacer un mauvais comportement, tout en lui apprenant la manière de bien réagir. Pratiquement les deux choses s’apprennent en même temps, sans que l’on s’en rende compte.
a. Désapprendre un mauvais comportement
Il est utile de reconnaître les signes qui annoncent un déséquilibre émotionnel pour éviter l’escalade des réactions.
Exemple : l’approche d’une petite fête anniversaire rend l’enfant énervé, il tourne en rond, il se mord la main. Donnons-lui une petite tâche (dresser la table). Si la nervosité s’accentue ou encore si une situation problématique se présente, on fera semblant de ne rien remarquer soit encore on laissera faire l’enfant. Si ça ne marche pas, on l’isole quelques minutes pour lui permettre de se calmer. Ces courtes périodes sont souvent perçues de façon positive à la fois par l’adulte et l’enfant.
b. Apprendre un comportement souhaité
L’enfant X fragile obtient un encouragement ou une récompense lorsque ses réactions sont bonnes. Mais il est nécessaire de bien « doser » les récompenses. Si on le félicite de façon exagérée, il risque de s’exciter au lieu de se calmer. Il est préférable de lui dire à voix basse qu’on est content de lui, au lieu de faire participer toute la classe aux éloges.
D’ailleurs, il n’aime pas que l’on s’occupe exagérément de sa petite personne. L’enfant X fragile d’un niveau plus élevé acceptera la responsabilité de modifier lui‐même un comportement (par exemple essayer de parler de différentes choses, au lieu de répéter toujours la même chose).
S’il réussit, on le félicitera ou il sera récompensé (il pourra regarder la télévision). S’il ne réussit pas, on ne l’écoutera pas, on ignorera. Il faut que petit à petit, il se rende compte de la qualité de son comportement. Au début, on se limitera à des périodes d’apprentissage définies avec récompenses (par exemple pendant le repas). Un tableau des réussites permettra à l’enfant de constater ses progrès par la présence de croix. Dès qu’une bonne habitude s’installe, les récompenses sont supprimées.
Remerciements au Professeur J.P. Fryns, au Dr Martine Borghraef, au Dr Jean Steyaert de la KUL à Leuven pour leur aide et soutien fidèle depuis 20 ans et à tous leurs collaborateurs du groupe X fragile Belge.