Les aptitudes au contact social pour une personne X fragile
L’absence d’aptitudes innées au contact social des personnes X fragiles limitent leurs possibilités d’apprentissage. Des solutions sont suggérées pour éliminer ces résistances.
Contact direct
L’apprentissage est souvent rendu difficile par l’absence de contact et en raison de sa résistance devant une situation nouvelle. La personne X fragile fuit le contact des yeux et a peur devant telle situation ou telle personne. Il sera donc difficile d’attirer son attention ou de le motiver pour une tâche.
Quelle approche indirecte pour éliminer cette résistance ?
Si l’enfant est capable d’écouter, de regarder, on utilisera le matériel audio‐visuel. Le contact direct avec l’enseignant n’est donc plus nécessaire, puisqu’on le regarde à la télévision. D’autres méthodes indirectes seront : les poupées du guignol qui posent les questions, un camarade de classe qui donne les explications, le récit d’une histoire en guise d’introduction, se montrer ignorant et demander conseil à l’enfant, rester à distance au lieu de s’approcher trop près de lui…
Quelques exemples :
Nicolas préfère manger avec ses doigts, au lieu d’utiliser le couteau et la fourchette. Il se met en colère chaque fois qu’on lui fait des remarques. Si l’éducatrice demande aux autres de faire un exercice particulier en mangeant avec couteau et fourchette, Nicolas fera comme les autres. Au jardin, on demande à Éric de prendre la bêche, il refuse. Si on demande « Qui veut prendre la bêche ? », Éric sera prêt.
Contact inhibé
L’enfant X fragile est craintif au contact du groupe. Pour éviter cette crainte, il s’isolera. Il se retournera à l’approche de celui qui l’aborde, et détournera le regard. Cette crainte limitera les possibilités d’apprentissage. Ce sera donc à l’adulte de s’adapter et de trouver un moyen indirect pour entrer en contact avec lui. Les habitudes fixes, la routine de chaque jour, le calendrier du jour et de la semaine diminueront la crainte de l’inconnu et auront un effet sécurisant.
Quelles stratégies utiliser pour contrôler ces angoisses résultant du contact avec l’autre ou les autres ?
Il faut qu’il apprenne à repérer les sentiments de quelqu’un, et en même temps se poser des questions sur ses propres sentiments. Voici quelques stratégies qui ont fait leurs preuves : On organise régulièrement des causeries, où chacun est assis dans un cercle et raconte ce qu’il a fait. L’enfant X fragile a besoin de l’adulte pour exprimer ce qu’il veut dire. L’adulte raconte à sa place ce que l’enfant a fait, ce qu’il pense et ressent : joie, tristesse, colère sont des émotions que l’enfant X fragile a des difficultés à exprimer. Un enregistrement vidéo (ou des photos) de ses propres réactions
lors de certaines situations l’aidera à mieux se connaître. Chaque situation pouvant stresser l’enfant doit être préparée soigneusement avec lui. On lui raconte tout ce qu’on rencontrera. On lui apprend à se donner des instructions avant de commencer une tâche qui, pour lui, sera difficile. En petits groupes, on s’entraîne en interprétant des situations que l’on peut rencontrer chaque jour : demander la route, aller au magasin…. L’enregistrement de ces scènes est conseillé, afin de pouvoir en discuter. Ces scènes se dérouleront « dans la réalité » dès que l’on est capable de bien les jouer.
Cet entraînement pour la prise de contact avec autrui est très important dans l’accompagnement et l’éducation. Considérant le côté difficile et pénible de certaines situations pour l’enfant, il faut intercaler des pauses, en lui laissant l’occasion de se retrouver seul et de revenir à lui. En conclusion les habitudes fixes diminuent l’anxiété devant des situations nouvelles, et le schéma visuel des activités est un facteur sécurisant.
Contact avec l’inconnu
Dans un cadre bien structuré, avec un programme d’activités durant la journée et la semaine, l’enfant X fragile se sentira à l’aise, et pourra en conséquence se préparer aux différents évènements et tâches qui l’attendent. Pourtant, il y aura des imprévus. Par exemple : Un soir, la maman de Luc arrive à l’improviste au foyer pour ramener son fils à la maison. Bien que Luc aime rentrer à la maison, il a été tellement dérouté qu’il s’est mis à pleurer, et à se fâcher.
L’éducateur a donné l’occasion à Luc de passer quelques instants dans sa chambre pour se ressaisir. La crise passée, il a accompagné sa maman.
Il est bon que l’enfant X fragile apprenne à se familiariser avec l’inconnu, avec l’imprévu. L’horaire affiché doit être suivi, mais on peut de temps à autre y ajouter quelque chose. Ne jamais y apporter beaucoup de modifications à la fois. Avant de rajouter des modifications, on le prévient soit par une explication, par une petite musique, ou encore par un geste. Une peluche peut aussi annoncer que l’on changera quelque chose au programme. Tout ceci sert à
dédramatiser les situations. Par exemple : Une activité non prévue de 5 à 10 minutes sera intercalée dans l’horaire de la journée (donner de l’eau aux plantes, faire la vaisselle, exercices de gymnastique…). Au début, on les place toujours au même moment, plus tard on variera.
Remerciements au Professeur J.P. Fryns, au Dr Martine Borghraef, au Dr Jean Steyaert de la KUL à Leuven pour leur aide et soutien fidèle depuis 20 ans et à tous leurs collaborateurs du groupe X fragile Belge