Les situations d’apprentissage pour la personne X fragile
Intérêt et motivation
L’enfant X fragile s’intéresse fort au milieu de l’adulte et imite facilement ses faits et gestes. Par contre, il trouve que ce que font les enfants de son âge est ennuyeux. Il a horreur de jouer, découper, piqueter, dessiner, colorier. Il préfère de loin les activités ménagères (dresser ou débarrasser la table, passer l’aspirateur) et les activités extérieures (jardinage, peinture, s’occuper des animaux…). En plus, il veut obtenir un résultat immédiat suite à son action. Clouer sans but réel, uniquement pour s’entraîner l’intéresse moins que fabriquer une cage pour les oiseaux. Il obtient de bons résultats dans ces tâches, dont il sera fier et ravi lors de félicitations. Il sera « super motivé » pour continuer.
Activités concrètes et fonctionnelles
Pour apprendre et comprendre, il faut que l’enfant X fragile parte de situations déjà connues, à la fois proches de son intérêt et de son cadre de vie. Le comptage en classe sera difficile, mais compter les œufs ou peser la farine, c’est plus intéressant. Les notions abstraites « haut, bas, sur, beaucoup, peu, … » sont apprises automatiquement à la gymnastique et non en classe. L’enseignant perdra beaucoup de temps à essayer de lui apprendre classiquement ces notions abstraites. « Sur » s’apprend en le faisant monter sur la chaise et « en dessous » en lui permettant de passer à quatre pattes sous la table. « Sébastien n’assimilait pas la notion de droite et gauche. J’ai demandé à un professeur de batterie de lui donner des cours dans son magasin. En tapant avec les baguettes en faisant « gauche » « droite » il a fini par acquérir ces notions » dit sa maman.
Lors de certains apprentissages en classe, on lui expliquera (intentionnellement) le but pratique ou son utilité dans la vie courante. Il est important d’utiliser la vie courante pour un grand nombre d’apprentissages. Dès que l’on constate que l’enfant est intéressé par quelque chose, on essaie d’en profiter pour en retirer (incidemment) des nouvelles notions. Il compte le nombre de tasses et d’assiettes pendant qu’il dresse la table, il additionne et note les points
obtenus pendant le jeu de quille. Xavier, papa d’Antoine nous témoigne : « L’instituteur de l’IMPRO apprenait à Antoine à compter à partir des images et prix découpés dans les pubs de supermarché. Par exemple, j’achète une boîte de petits pois à 2 € et un paquet de gâteaux à 3 €, combien j’ai dépensé ? Antoine répondait bien 5 €. S’il faisait faire l’opération classiquement 3+2=, Antoine ne pouvait pas répondre. Pour la soustraction, il disait à Antoine : J’avais 5 pommes, j’en ai perdu 2, combien il en reste ? Antoine lui a répondu : « Je m’en fout, moi je perds jamais rien » ! »3. Approche du comportement
Présentation visuelle du matériel éducatif
L’enfant X fragile apprend davantage par la vue que par l’oreille. Sa mémoire visuelle est plus performante. Utilisons donc les photographies, les images, les dessins, le matériel vidéo, les programmes d’ordinateur pour rendre nos messages attrayants. Le calendrier de la semaine et la répartition de la journée se fait à l’aide de dessins. Tout cela permet une approche indirecte et favorise la concentration et la durée d’attention.
Apprentissage simultané
Par simultané, nous voulons dire que toutes les parties d’une tâche sont perceptibles en un coup d’œil. L’information est donnée dans sa totalité, sans s’attarder aux détails. L’enfant X fragile a besoin de voir l’ensemble avant de comprendre les différentes parties. Si l’on met l’accent sur la raison globale d’une tâche, d’une activité, il sera prêt à y participer. Par contre si on travaille par étapes ou séquences, il s’embrouillera et perdra sa motivation. Il faut lui expliquer que l’on fabriquera une cage, avant de lui apprendre à manipuler un marteau et des clous.
Canalisation du langage
Les personnes X fragiles n’ont aucun complexe pour s’exprimer. Ils parlent pour parler et s’embrouillent dans leur débit de paroles. Il est souvent difficile de les ramener au sujet (canaliser) et d’éviter que leur imagination fantaisiste l’emporte. Les éducateurs parleront en phrases courtes et doivent interrompre l’histoire de l’enfant par des questions brèves et directes. Il suffit parfois de le toucher légèrement pour le couper net et le ramener au sujet initial.
Par exemple : Chaque lundi matin, Jeannot arrive au foyer avec la même histoire « couché tard, fait la fête, mangé des crêpes… ». Il faut l’interrompre pour donner l’occasion aux autres de raconter leur histoire. Stéphane répète toujours que le samedi il va chez le coiffeur. En lui posant des questions «Avec qui ? Comment ?» on évitera les répétitions et son histoire aura un sens.
Lorsque quelqu’un pose toujours les mêmes questions à propos de l’horaire de la journée, on l’envoie sans commentaire au tableau où il trouvera une réponse à sa question. On peut aussi lui renvoyer la balle en demandant de répondre lui‐même à la question posée. On peut parfois donner libre cours à son imagination en le laissant jouer au guignol, au théâtre.
Une prise en charge orthophonique est nécessaire dès le plus jeune âge. Une prise en charge en psychomotricité est
également nécessaire.
Approche globale et totale
Parmi toutes, l’approche globale est la plus importante. L’accompagnement et l’éducation réussiront A CONDITION D’UN EFFORT COMMUN DE L’ÉQUIPE ÉDUCATIVE. Parents à la maison, enseignants en classe, éducateurs et rééducateurs (orthophonistes, psychomotriciens, psychologues et thérapeutes …) doivent souvent se rencontrer, se compléter et veiller, grâce à leur connaissance de l’enfant, à des pratiques identiques d’éducation.
L’enfant X fragile ne se laisse pas facilement approcher dans une structure normale. Il est tel qu’il est « globalement », par conséquent il faut qu’on l’approche de manière globale aussi. Il ne faut pas voir en lui un « élève » en classe, un « patient » en thérapie, un « garçon modèle » en visite chez mamie. Il se conduira de la même façon dans ces milieux divers. Il est important que les adultes appartenant à ces milieux se rencontrent régulièrement pour se mettre d’accord sur les principes à suivre et créer un cadre favorable au meilleur développement de l’enfant X fragile.